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  • : Le jardin d'écriture
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  • : Dans un souci de créativité, de mémoire, de partage, vous trouverez ici tout mon univers. Des mots pour les larmes, la sueur, les doutes mais aussi et surtout le miel de ma vie. En espérant que vous aimerez flâner dans mon chemin d'écriture.
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Pensées vivaces

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Vivre est ce qu'il y a de plus rare au monde. La plupart des gens existent, c'est tout.

Oscar WILDE

Ose devenir qui tu es. Ne te tiens pas quitte à bon compte.

Il y a d'admirables possibilités en chaque être.

Persuade-toi de ta force et de ta jeunesse.

Sache te redire sans cesse : " Il ne tient qu'à moi."

André GIDE

Il faudrait essayer d'être heureux, ne serait-ce que pour donner l'exemple.

Jacques PREVERT

Au Fil Des Saisons

Plantations célèbres

Adresses des éditeurs :    voir dans module Bouturage : éditeurs,liens

* Le temps d'un dernier regard   
prose, écrit libre,  publié chez Polyfiction
* La vie n'est qu'un cri  
poésie publiée dans les cahiers de poésie n°7
* Automne  
poésie publiée dans les cahiers de poésie n°8
* Hiver                                           
poésie publiée dans les cahiers de poésie n°10
* Regard de mère               
poésie publiée dans les cahiers de poésie n°10
* Paris enchanteur                      
 neuf haïkus publiés dans la revue haïkai n° 4 d'août 2007

Herbe folle

Et puis qu’est-ce que ça veut dire différents ? Moi qui ne sais pas me faire cuire un œuf, j’ai passé la journée en cuisine et toi qui n’écoutes que de la techno, tu t’endors avec Vivaldi…C’est de la foutaise, ton histoire de torchons et de serviettes…Ce qui empêche les gens de vivre ensemble, c’et leur connerie, pas leurs différences….
 
Laisse moi te dire ….. à propos des intellectuels justement …C’est facile de se foutre de leur gueule…Ouais, c’est vachement facile…Souvent , ils ne sont pas très musclés et en plus, ils n’aiment pas ça , se battre …Ça ne les excite pas plus que ça les bruits de bottes , les médailles et les grosses limousines, alors oui, c’est pas très dur …il suffit de leur arracher leur livre des mains, leur guitare, leur rayon ou leur appareil photo et déjà,ils ne sont plus bons à rien ces empotés …D’ailleurs, les dictateurs,c’et souvent la première chose qu’ils font : casser les lunettes, brûler les livres ou interdire les concerts, ça leur coûte pas cher et ça peut leur éviter bien des contrariétés par la suite…mais tu vois, si être intello ça veut dire aimer s’instruire, être curieux, attentif, admirer , s’émouvoir, essayer de comprendre comment tout ça tient debout et tenter de se coucher un peu moins con que la veille, alors oui, je le revendique totalement : non seulement je suis une intello,mais en plus je suis fière de l’être…Vachement fière même ….
 
Pour la première fois et tous autant qu’ils étaient, ils eurent l’impression d’avoir une vraie famille. Mieux qu’une vraie d’ailleurs, une choisie, une voulue, une pour laquelle ils s’étaient battus et qui ne leur demandait rien d’autre en échange que d’être heureux ensemble. Même pas heureux d’ailleurs, ils n’étaient plus si exigeants. D’être ensemble, c’est tout. Et déjà c’était inespéré.

extraits du livre d'Anna GAVALDA  "Ensemble, c'est tout "
1 décembre 2010 3 01 /12 /décembre /2010 10:56

  main

 

Elle contemplait ses mains sans vraiment les reconnaître.

Autrefois si belles, elles avaient été son orgueil, aujourd’hui si flétries, si ratatinées, elles lui faisaient horreur !

Elle plongea son regard au creux de ses mains et sa vie défila comme dans un miroir. Ses mains lui renvoyèrent le vide,  le superficiel de son existence paresseuse et égoïste.

Au fil des souvenirs, elle se revit si envieuse du bonheur des autres mais exigeant  toujours de recevoir sans rien donner, trop avare d’elle-même !

Elle regretta ses mains qui avec gourmandise s’étaient souvent fourvoyées dans la luxure distribuant du plaisir mais jamais d’amour.

Elle se reprocha surtout ses mains trop souvent en colère contre sa petite  fille qui réclamait à corps et à cris cette mère qu’elle ne voulait  pas être et son ressentiment quand Marie, adulte l’avait  finalement délaissée !

Depuis son réveil elle n’avait cessé de penser à sa fille, elle avait tant à lui dire !

Elle se sentit soudain si seule, si lasse, si abandonnée, si honteuse.

 

allee-en-automneCe fut comme un appel. Marie ne comprit pas ce qui l’avait poussé, après tant d’années d’ignorance, à rendre visite à sa mère,

Avant d’entrer dans la maison de retraite, elle avait  éprouvé le besoin  d’une longue promenade dans le parc  attenant au bâtiment. Là encore,  une force mystérieuse  l’avait  conduite  à travers les allées  pour puiser dans la magie de l’automne la force d’affronter  le regard  de sa mère. Elle avait  foulé le parterre de feuilles mortes et senti craquer  sous ses pieds des noix . Le vent chuchotait, quelques feuillent vertes ondulaient dans les arbres alors  que d’autres, déjà jaunies, valsaient dans les airs.  Ici, dans l’herbe, un tapis roux et  brun exhalait des parfums d’humus, là des effluves de jasmin, portées par le vent, lui chatouillèrent  les narines. untitled Plus loin, sous les grands hêtres, des champignons sortaient de terre, elle respira  à plein poumons cette odeur de terre mouillée, de mousse. Le soleil illuminait  la palette des tons d’automne. Le rouge des érables,  l’or des bouleaux, l’oranger des sumacs, le brun des châtaignes l’apaisèrent. Cette autre dimension perçue depuis le matin ne la quittait pas , le vent  lui murmura  « il est  temps Marie » , elle laissa alors s’envoler  des années de souffrance,  de rancœur,  cette rancune si tenace qui empoisonnait  son  existence et la retenait  prisonnière, cette rancune qui étouffait  aussi sa mère ! Oui !  Il était temps de pardonner et de sourire enfin à la vie !

   imag

 

 

Dans l’entrebâillement de la porte Marie observait sa mère ! Celle-ci ne l’avait ni entendu,  ni vu, elle fixait ses mains, des mains qui avaient   immédiatement aimanté le regard de Marie. Avec effroi, puis soulagement et enfin espoir, elle avait partagé les visions de sa mère dans une communication surnaturelle, sans masques, sans retenues !

 

Marie était prête, elle attendait de croiser le regard de sa mère. Par la magie de son sourire et de ses larmes, elle voulait lui offrir son pardon pour qu’enfin,  naisse et se dise entre elles, l’amour.

 

main-clef 

 

 

La vielle femme  releva la tête. D’un geste rageur, un rictus aux lèvres, elle balaya de la main ses  regrets, ses remords.

 

Alors, le ciel s’obscurcit, le vent hurla à travers les persiennes. Elle tourna  la tête, elle ne regardait plus ses mains, elle ne voyait plus rien !

 

 

 

 

 

Marie  en pleurs, s'en retourna ! Combien de temps, combien de temps encore ?  

Alors, comme une vague d'espoir dans un océan de larmes, une chanson la submergea, l'emmenant résolument  vrers une autre rive, celle du temps qui reste !

 " Le temps qui reste"  Isabelle AUBRET

 

 

Ce texte comme un défi, comme un jeu,  répondait à plusieurs consignes d'ateliers d'écriture  :

 

Magique !
Au travers d'un texte, il faut faire intervenir un ou plusieurs éléments magiques !
Qu'est-ce que quelque chose de magique ? Tout ce que vous voulez, du moment que vous savez l'amener. Il ne faut pas entendre par magie uniquement ce qui est du ressort des prestidigitateurs et qui (je suis désolé de l'apprendre à certains) est l'oeuvre de trucs et autres
artifices. Non, revenons-en à notre âme enfantine, tout est possible. A vous les apparitions, les envolées, les disparitions, les transformations, les rencontres étranges, etc... En élargissant le champ
de votre possible, j'espère ne pas vous perdre au milieu d'un océan de possibilités.


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Le huitième péché capital

Les 7 péchés capitaux vous connaissez ? Vous en imaginez un huitième non répertorié et vous  ferez de l’ensemble le thème de cette proposition.

 

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 La main 

Le rôle de la main symbolise parfois la transformation du singe en homme, darwinienne ou pas, votre proposition fera de la main, « le cœur » de votre proposition.

Contraintes supplémentaires en option  :

le titre comportera le mot main, l’incipit en sera : « Elle contemplait sa main sans vraiment la reconnaître… » et l’excipit « elle ne regardait plus sa main, elle ne voyait plus rien ».

 

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L'automne

L'automne est la meilleure saison pour les plantations de toutes sortes. A la manière d’un jardinier, j’aimerais que vous semiez des mots dans un décor automnal. Ramassez et brûlez les feuilles mortes, éliminez les mots fanés et plantez de nouveaux bulbes !

Recréez un espace coloré qui sera le vôtre, dans une saison où certains changements s’opèrent (brouillard, rosée, jours plus courts, nuits plus froides, etc).

Donnez-nous envie de fouler ce parterre de feuilles mortes !

En fin de description, vous devrez vous situer, vous, dans ce spectacle grandiose (l’automne comme synonyme pour le commun des mortels que nous sommes, de la nature qui somnole, du temps qui s’écoule, de la vieillesse qui avance, des rêves qui s’envolent, l’automne comme moment de questionnement, etc..).

 

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12 février 2009 4 12 /02 /février /2009 12:53



Passionaria !

 

Elle n’arrive pas à dormir ! Comme chaque soir, depuis une semaine, elle est à sa fenêtre !  Elle observe l’étrange  ballet sur le flanc de la colline, à quelques pas de chez elle, dans ces bâtiments isolés  qu’elle connaît si bien !

Mystérieux  rituel ! La lune n’en est qu’au  petit déjeuner croissant quand Maria  aperçoit une silhouette quitter les dépendances et  courir  jusqu’à la maison.

A l‘intérieur pas de lumière ! 

Puis, soudain, l’ampoule suspendue  au plafond, dénuée d’abat jour,  s’allume ! La jeune femme  est alors hypnotisée  par deux mains qui se frottent  énergiquement  avec une savonnette. Une mousse  rouge,  inquiétante, disparaît  dans le lavabo !

 

Maria, corps gracieux, cheveux  longs d’ébène, traits  fins  et  prunelles de braise,  a tout de la passionaria ! Dans son regard  enflammé  est inscrit  le flamenco, cette culture  qui est  son histoire de famille. Intriguée, tourmentée par cette vision nocturne  récurrente, elle cherche à se calmer,  revêt  sa  robe de scène et chausse ses talons aiguilles.  Dans un éclat de lune,  elle trouve enfin la clef des songes et plonge dans un passé  récent !

 

Elle est  une étoile montante  et probablement une  future « grande »  de la danse flamenco ! Sur scène, son esthétique impressionne !  Maitrisant  tout aussi bien  son art que la danse classique ou contemporaine, elle  perçoit et  transmet  au-delà du mouvement.

Comme le peuple andalou  à la recherche de la beauté , enthousiaste  jusqu’à la folie , Maria  sait se confondre  et pénétrer  dans une savante gestuelle  s’enveloppant  de  chants  sublimes. Son tempérament  l’emporte dans  une spontanéité  infinie. Son caractère profond   n’est  que bouillonnements, extase, plaisir, joies,  douleurs et chagrins ! Elle danse l’âme bouleversée !

Chacun de ses gestes  extériorise une  émotion  au rythme  de cette musique  à la fois  violente et douce, saccadée  et suave. Musique,  chants et danse, une histoire sans fin, complexe et fascinante, dans un même souffle de vie, résultat de la fusion  de cultures ancestrales qu’elle incarne à merveille !

Entre allégresse et gravité,  sa danse,  sincère et sensuelle,  puissante,  instinctive et élégante,  traduit sa passion ! Elle incarne mieux  que personne  le cri du peuple gitan andalou, exécutoire de sa douleur et de sa rage ! Elle donne  libre cours à ses pulsions  les plus fortes  dans une vibration  proche de la transe  où la douleur se transforme  en explosion de joie !

 

Maria  est danseuse de flamenco ou plutôt  Maria était danseuse de flamenco  jusqu’à cet accident de voiture, il y a deux  ans déjà,  qui lui a laissé un léger boitement.

Elle  s’est alors  enfermée dans sa douleur,  est devenue dure, aigrie, solitaire   et a quitté  Manuel ! Elle ne lisait plus dans ses yeux  que de la pitié,  voire de l’indifférence !   A la passion avaient succédé  la routine, l’ennui  de jours  vides  et puis, par dessus  tout, l’intolérable, l’insupportable : il avait cessé de créer ! Il se sentait  responsable.  Elle ne lui avait pourtant  jamais rien reproché mais c’est lui qui  conduisait ce soir là ! Vite ! Trop vite !

Elle aurait sans doute  pu renaitre  et se tourner  vers le chant  ou vers  la  chorégraphie si elle ne s’était vue absente dans son regard  et perçue  à l’origine de sa paralysie créative, de son mutisme ! Il avait délaissé ses pinceaux !  Deux artistes  brisés,  c’était  trop ! Son renoncement  avait  été aussi le sien !  Alors, pour qu’il revienne à son art, sans rien dire, dans le silence qui les avait  engloutis, elle était partie  vivre seule dans une  maison voisine au flanc de la colline !

 

Maria  a  passé  toute la nuit dans ses souvenirs, le jour pointe déjà !  On frappe à sa porte, elle sursaute, laisse s’envoler  ses pensées et descend ouvrir ! Manuel est là ! 

Leurs regards se croisent et furtivement se mouillent. Le jeune homme,  dépose maladroitement à ses pieds trois toiles  et lui explique  nerveusement :

 

Il a travaillé sans relâche, se rapprochant  de  plus en plus de ses œuvres,  tellement près  qu’il a eu  envie de les toucher  et  là ! Une  fulgurante révélation ! Détruire les esquisses et tout recommencer !

Plus de  palette !

Il a pris  ses  tubes  recroquevillés  et de son index, a mélangé sur le dessus  de sa main gauche  des noix de matière jusqu’à  obtenir la couleur  souhaitée ! 

Plus de pinceau !

Ne le gardant que pour les croquis , il  a peint avec les mains,  les toiles  posées  à plat  sur le sol,  en tournant autour  dans un rapport charnel, libre , un corps à corps pour aboutir  au plus près de la perfection. Il a imbibé son chiffon d'huile et en a frotté ses toiles, faisant surgir des atmosphères d'un autre temps puis il a pressé ses tubes de couleur  et sa main s’est laissée guider par l’influx créateur ! 

Sous ses doigts, la couleur est devenue lumière, tendresse,  évocation, amour  et rage ! Chaque doigt, avec force ou caresse,  est entré en  mouvement,  pour rectifier  un trait  trop épais, pour inciser avec l’ongle une courbe précise, aux  frontières  de l’illusion, du rêve, de la folie !

Ses toiles lui ont demandé des heures de travail  intense et  il en est sorti, vidé, en sueur, libéré, heureux  mais les mains couvertes de peinture ! Mais cela,  elle le savait  déjà !

 


Maria  découvre alors  fébrilement les tableaux et les adosse  au mur ! Dans un flamboiement  de couleur rouge carmen,  de chants , de danses , de fleurs de grenade,  de paysages de braise, elle perçoit instantanément   la relation  directe,  intime, spontanée,  sensuelle du peintre  avec son sujet : ELLE   


Les toiles  résonnent de tout ce qu’elle  n’a pas voulu entendre, de tout ce qu’il n’a pas su, pas pu  lui dire ! Elle a alors  la certitude  que rien n’est brisé  et qu’elle va  enfin  renaitre au flamenco, par la puissance de l’art et de  l’amour retrouvés!




En contemplant  ces peintures sublimes qui la magnifient  dans sa robe rouge,  en un éternel  mouvement, une évidence fuse : pour lui, elle n’a jamais cessé de danser !



Tableaux, dans l'orde d'appariton  :
- isabelle HUSSON Arte Andalou
- Nicole BILES Flamenco
- Isabelle HUSSON  Etincelle
- Nicole BILES La danseuse de flamenco




Jeudi 12 février 2009

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26 octobre 2008 7 26 /10 /octobre /2008 19:55



L’ABSENTE

  


 

« Dehors l’orage grondait et je n’imaginais pas encore que la porte s’ouvrirait si violemment. »

La phrase résonnait encore et toujours en lui comme un leitmotiv. Elle l’obsédait jour et nuit depuis ce 1er janvier 2000, il y a treize ans ………..

Ce jour là, l’inspecteur Yann Caradec se préparait à quitter son bureau. La journée s’était étirée péniblement dans un quotidien banal car rien d’extraordinaire ne venait jamais troubler la quiétude de cette petite ville de province où il essayait de chasser son ennui. C’est alors qu’il vit entrer un fantôme !

Mi-ange, mi-démon, sale, trempée, à moitié nue, la jeune femme qui se tenait devant lui aurait relevé de l’irréel, si elle n’avait été accompagnée d’une brave grand-mère. Celle-ci l’avait trouvée errant dans la rue et, défiant la pluie, l’avait guidée tant bien que mal jusqu’au commissariat.

Yann plongea dans la profondeur océane du regard fantasmagorique. A partir de cet instant, foudroyé, il bascula dans une autre dimension. Quand il eut retrouvé ses esprits,  ses premiers gestes furent de couvrir la demoiselle, de lui proposer une boisson chaude, de la réconforter, de l’apprivoiser, puis de l’interroger. La terreur sembla peu à peu l’abandonner, même si la peur restait encore bien perceptible. En état de choc, elle ne cessait de répéter :

« Dehors l’orage grondait et je n’imaginais pas encore que la porte s’ouvrirait si violemment. »
 

Le langage un peu précieux, la voix douce et limpide contrastaient avec l’allure très négligée et renforçaient  l’étrangeté de cette apparition.

Yann la confia aux services sociaux compétents et rentra chez lui, hypnotisé par le mystère qu’abritaient de magnifiques yeux azur !

Pendant treize ans, il chercha, enquêta, questionna, fouilla, ne négligeant ni sa peine, ni celle de ses hommes, ni les moyens à mettre en œuvre pour percer le mystère de celle que l’administration avait prénommée Claire !

Ses recherches ne donnèrent aucun résultat ! Il ne découvrit jamais qui elle était, d’où elle venait,  ce qui lui était arrivé et il faillit  bien en devenir fou.

Les médecins, quant à eux, avaient diagnostiqué une amnésie profonde, une malnutrition ancienne, un cœur extrêmement fatigué. Elle ne portait aucune trace de coups, elle n’avait jamais subi de sévices, était encore vierge et ne supportait pas qu’on la touche !  Rien de plus ! L’enquête avait conclu à un probable et long enfermement.

Depuis treize interminables années, amoureux d’une absente, Yann rendait visite à Claire,  espérant un miracle ! Il l’entourait, la protégeait, la berçait d’un amour platonique qui le  rongeait.

Elle était belle à se damner.

La peau satinée mettait en valeur un corps un peu maigre, mais néanmoins musclé. Les jambes élancées contribuaient à une démarche aérienne, gracieuse. Les cheveux fauves, ondulés, lui donnaient une allure de sauvageonne. Dans le visage d’un ovale parfait, le regard s’enfuyait des prunelles en amande. Les yeux, toujours en action, s’agrandissaient, s’écarquillaient, se mouillaient et, sur les cils longs et délicatement courbés, souvent, perlait une larme. Les sourcils épais, bien dessinés, se fronçaient au moindre bruit. Des joues creuses ressortaient les pommettes qui rosissaient dès qu’on l’abordait. Le nez légèrement retroussé, apportait une touche enfantine à ce beau minois.  Elle ne riait jamais, mais parfois esquissait un sourire. Les lèvres s’ouvraient  alors sur des dents d’une blancheur virginale. Le fantôme était devenu sirène ! Seules les mains fines, en perpétuel mouvement et le regard pénétrant témoignaient d’une fragilité intense, d’une anxiété  incontrôlable, d’une douleur infinie, d’une souffrance bien réelle. Mais impossible de percer le passé douloureux  de Claire ! Elle attendait les visites de Yann, elle appréciait ses conversations, ses cadeaux, elle lui souriait, elle laissait alors fugacement transparaître sa joie, sa tendresse, peut être son amour, mais elle ne lui avait jamais rien dit ! Ni au psy, ni à personne ! Elle était restée murée dans son silence, se contentant de psalmodier cet  éternel refrain : 

« Dehors l’orage grondait et je n’imaginais pas encore que la porte s’ouvrirait si violemment. »
 

Yann était à présent arrivé devant son commissariat. Machinalement, ses pas l’avaient conduit ici. Il monta, s’assit à son bureau. Il était trempé mais n’avait rien senti de la pluie battante. Il prit un dossier, l’ouvrit et inscrivit :

Vendredi 13 octobre 2013 décès de Claire X.

C’était fini ! Elle était morte, emportée par un cœur épuisé.

Sous l’assaut d’une vague de larmes, il referma précipitamment le dossier vide !

 

Il est des jours et des lunes, des saisons et des années où la poussière efface l’entendement !

  

Dimanche 26 octobre  2008


 Illustrations:


1 - Peter DOIGT 


2 - Sabine GERMANIER "Rencontre"


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2 juillet 2008 3 02 /07 /juillet /2008 19:34

Au jeu du chat et de la souris !

 

 

Cela restait un mystère ! Des souris et des rats, génétiquement modifiés pour les besoins d'une étude gardée secrète, s'étaient échappés  d'un laboratoire parisien.
Depuis des mois,  leur liberté retrouvée, ces animaux  n'en finissaient  pas de grossir et de proliférer. Bientôt le pays  tout  entier fut  envahi.
Les chercheurs interrogés,  invoquaient un manque de personnel  affecté à  la surveillance  des locaux, mais aussi une erreur de dosage dramatique !
Cet incident, en dehors de l'impact sanitaire,   avait notamment des  conséquences inattendues  pour nos amis  les chats, que  souris et rats, sans doute par esprit de vengeance, croquaient  allégrement !

 






Rat gourmand tapi
Entre les brins d'herbes  folles
Epie le matou


 











Chat au menu de la souris !

 

Vraiment  y'en a marre  des souris et des rats !
Dans une indigestion de chats,
Mes deux pieds, j'ai posés !

 











Alerte à l'invasion   !
Une cellule de crise est mise en place au gouvernement !
Une distribution gratuite,  par les mairies, de mort aux rats, est à l'étude !






Dans les pattes du chat, la souris prise au piège, avait rêvé d'un autre monde ! Elle avait imaginé bien des scénarios avant que son prédateur décide de mettre fin à son agonie.
Mirage : Jeu du chat et de la souris  à l'envers !

 



Illustrations :
N°2 - Dessin animalier de Arnaud de lassence

N°3 -  Chat fou  Aquarelle de Lydia NUNES 

N° 4 -Le vieux chat et la jeune souris

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28 septembre 2007 5 28 /09 /septembre /2007 08:58
Lundi 24 septembre 2007
 
Une vie trop bien rangée !
 

 soka-dissolution-effet-de-serre.jpg

 
Liliane s’épuise à maîtriser sa vie. A un rythme effréné s’enchaînent les repas remarquablement variés, les budgets sérieusement bouclés, les cours de gymnastique  jamais manqués, les enfants parfaitement éduqués, la vie sociale pleinement assumée, les obligations professionnelles assidûment remplies…..
 
Sa vie est entièrement planifiée, tout est sous contrôle. Pas de place pour le hasard, pas de temps pour l’imprévu, tout est question d’équilibre savamment entretenu !
Equilibre alimentaire, financier, physique, familial, professionnel social ……
 
Liliane a été une bonne fille, enfant docile, toujours prête à faire ce qu’on attendait d’elle. C’est aujourd’hui une épouse, une mère, une employée, une jeune femme modèle. Toujours disponible, elle cumule les rôles avec sourire, jongle avec les équilibres, et avance tel une funambule sur le fil de sa vie. 



la-funambule.jpg

 


 Et les années passent !


soka-ou-va-t-on.jpg

                                              
Liliane se réveille un jour, fatiguée, lasse, épuisée, vide, avec au creux du ventre l’impression d’être passée à côté de l’essentiel, d’avoir constamment  vécu en représentation. Une envie la submerge alors ;  ne plus avancer prudemment, sagement, mais courir, courir jusqu’à  trébucher. Rompre enfin  l’équilibre ! Mais, prisonnière des habitudes, Liliane résiste encore   à l‘appel de la vie, au risque de se perdre !

 
Et puis soudain, le déclic, un 8 mars, journée de la femme !  Au bord du précipice, s’impose  à elle comme une pulsion de vie, une bouffée d’oxygène. Accueillir enfin  la fantaisie, l’inattendu, l’imprévisible, se laisser porter par les évènements, apprendre à dire non, changer de vie, de peau. Se libérer du carcan de sa vie, respirer, ne plus étouffer d’équilibre.
                                                                                                                                               

Soudain, naît en elle l’attrait du vide ! Elle rêve de néant, de jour le jour, de s’abandonner au vertige, de  rejeter au loin le trop plein, le trop bien. Liliane, aujourd’hui, se veut bordélique, fantaisiste, nonchalante, surprenante.   C’est un besoin vital, impérieux.  
                                                                                                                                                                                                               

Soudain, émerge en elle une résolution ! Ne plus se conformer à un rôle,  ne plus être parfaite, ne plus répondre uniquement aux désirs  des autres, ne plus s’oublier. Retrouver enfin  le sens de sa vie, son énergie, sa créativité, sa confiance en soi, ses émotions, ses intuitions ! Renouer avec  cette force naturelle que chaque femme porte en elle, instinctive, riche de dons créateurs et d'un savoir immémorial !
 

Soudain, s’impose comme une évidence, un nouveau chemin de vie ! Renaitre à cette femme sauvage* que la société, la culture et l’entourage trop souvent musellent afin de la faire entrer dans le moule réducteur des rôles assignés ! Ne plus se noyer dans une mer d’équilibre, mais s’ouvrir à la douce euphorie d’une vague océane de déséquilibre. 
                                                                                                                                                                                                                    

vague.jpg




«  Femmes qui courent avec les loups »  de Clarissa Pinkola Estés



Illustrations :  2 pastels de SOKA "dissolution effet de serre"  et "ou  va-t-on "

www.lespeinturesdesoka.com/dessins.htm

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