Biographie de Magda Szabô :
Issue d'une famille cultivée de la grande bourgeoisie hongroise, Magda Szabo hérite des dons littéraires de sa mère. Elle commence par écrire des poèmes avant de se lancer dans la fiction. Sa carrière débute avec vigueur après la Seconde Guerre mondiale, et elle apparaît comme le plus grand espoir de la littérature hongroise. Cependant, elle cesse d'écrire après 1948 pour des raisons politiques, et vit en donnant des cours et en faisant des traductions
Comme tant d'autres écrivains d'Europe centrale, Magda Szabo - née en 1917 - est longtemps restée une femme de l'ombre. Condamnée à l'exil intérieur dans la Hongrie communiste, elle n'est sortie de son purgatoire qu'à la fin des années 1950, après qu'une traduction l'a fait connaître en Allemagne, grâce à Hermann Hesse. «Je lui dois beaucoup. Un jour, il a appelé son éditeur, Fischer Verlag, et lui a dit: "J'ai pêché un poisson d'or! "» racontait récemment celle qui passe désormais pour la grande dame des lettres hongroises.
Elle connaît alors un véritable succès, récompensée par plusieurs prix hongrois. Sa notoriété ne cesse de s'accroître, à l'échelle nationale et internationale, jusqu'en 1987, année où elle publie 'La Porte', Un petit chef-d’œuvre, dont le succès est mondial. Si la Hongrie la considère comme un classique vivant de la littérature, ses livres sont assez peu traduits en France, et il faut attendre 2003 pour pouvoir lire 'La Porte', finalement récompensé par le prix Femina du roman étranger. En 2006, une nouvelle édition du roman 'La Rue Katalin', publié en Hongrie en 1969 puis une première fois au Seuil en 1974, est publiée en France. On y retrouve un thème récurrent dans son œuvre, celui de l'insurrection de 1956. Ecrivain engagée, elle n'a d'ailleurs jamais hésité à aborder des sujets sensibles de sa plume gracieuse et envolée. Le 19 novembre 2007, en fin d'après-midi, la mort vient cueillir Magda Szabo, alors qu'elle est en train... de lire.
Résumé :
Dans sa maison de la campagne hongroise, la vieille Mme Szöcs attend d’aller à l’hôpital : son mari est en train de mourir. Sur place, le vieux Vince, inconscient, ne la reconnaît pas, et sa dernière phrase est destinée à sa fille trop aimée, Iza.
Une fois le père enterré, Iza emmène sa mère à Budapest, dans son appartement. Elle a tout préparé à la perfection, fait le tri entre meubles à garder et à abandonner, arrangé une chambre de manière parfaite, sans demander à Mme Szöcs ni son avis ni ses envies : elle va lui offrir une vie où elle pourra « se reposer ».
Bien sûr, à Budapest, les draps usés et amoureusement raccommodés n’ont pas leur place, les vieux costumes de Vince n’ont rien à faire dans les placards, la bonne Terez fait impeccablement le ménage et la cuisine, quant à Kapitany, a-t-on idée de vouloir emmener un lapin dans un appartement ?
Petit à petit, la fragile vieille dame se pétrifie dans le mutisme dans lequel sa fille l’enferme sans même s’en rendre compte, jusqu’au jour où elle décide de retourner au village pour faire élever une stèle sur la tombe de son mari.
Les personnages qui gravitent autour d’Iza et de sa mère, Antal - l’ex-mari d’Iza - Lidia, l’infirmière, Domokos, l’amant d’Iza, apparaissent comme en flash-back, en noir et blanc très contrasté pour faire ressortir la beauté d’Iza mais aussi sa froideur, sa terrible incapacité à s’oublier et à donner, véritablement donner.
Presse :
« C’est beau et bouleversant comme un mélodrame, pudique, d’une finesse psychologique rare, tenu par une construction et un rythme impeccables. Une merveille dont il serait grand dommage de se passer. »
Page des Libraires
« Un père, une mère, une fille : entre ces trois êtres, la romancière orchestre un cérémonial subtil […]. Ses personnages tiennent dans le creux de la main. Magda Szabó : une écriture mélancolique, délicate comme la grâce. »
André Clavel, Lire
« Difficile de résister à cette Ballade qui évoque, on y pense soudain, celle, au cinéma, de Narayama, autre vieille femme digne … un beau livre ! »
Annie Coppermann, Les Echos
« Après La Porte, prix Femina étranger 2003, Magda Szabó approche au plus près les êtres humains. Sa plume fouille les âmes, sonde les cœurs et campe des décors dont on ne ressort pas indemne. »
Côté Femme
A lire absolument : une de mes meilleures lectures de l'été 2009 !
Le récit est tout en demi-teinte, comme une photo ancienne dont les couleurs seraient un peu passées. Il révèle une immense sensibilité à travers l’analyse, très fine, des différents personnages. C’est entre autres une focalisation en perpétuel changement qui permet d’affiner à ce point notre perception. Nous passons sans cesse du point de vue de l’un à celui d’un autre. Nous sommes dans la tête de tous les personnages à la fois, nous vivons leurs questionnements, leurs difficultés, et cela nous permet de les comprendre totalement, d’accepter leurs petits défauts, de comprendre les plus gros. Il n’y a aucun manichéisme chez Magda Szabó. Et tout se passe en douceur et en subtilité. Nous changeons d’opinion sur les personnages, nous nous laissons influencer par les réflexions de chacun au fur et à mesure de notre lecture. Et lorsque nous refermons le livre, aucun personnage ne peut être entièrement rejeté, dénigré, malgré ce qu’il aurait pu faire un live bouleversant de vérité sur la difficulté d’aimer, sur l’impossibilité à aimer.
vendredi 4 septembre 2009
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